Pour mettre le passé de Benoît Peeters en images, le dessin mignon d’Aurélia Aurita (LAP !, Ma vie est un best-seller, Fraise et chocolat…) fait des merveilles. Plus raffinée que jamais, sa ligne pleine de candeur au lavis simple est subtilement relevée d’aquarelles lumineuses lors de la présentation des plats. L’ensemble retranscrit parfaitement la beauté des assiettes et rend ce parcours initiatique vivant et savoureux.

Benoît Peeters nous propose dans cet ouvrage, une évocation du temps qui passe, une autobiographie au rythme des goûts.De l'enfance, là ou en principe se forge le goût et la référence aux plats de Maman qui feront si peur plus tard à Madame, lui ne garde que peu de souvenirs culinaires.Peu à peu, en grandissant, un amour platonique, par manque de moyens, naît en lui pour la grande cuisine.Il poursuit, éveil de papille après papille, émotion après émotion, une quête du goût et de la confection des plats.C'est pour moi une découverte, de ce scénariste marquant, romancier, critique littéraire BD, devenant l'espace d'un livre, mais pour lui d'une vie, le héros méconnu d'une ambition manquée, le cuisinier, le critique culinaire qu'il aurait pu être.Conséquemment, on suit des êtres forts, des êtres pour lui chers, trop tôt partis et comme un morceau d'actualité que l'on feuillette.Au final ce livre montre que la passion d'un être, quelle qu'elle soit, réfrénée ou aboutie, par la voix ou l'écrit, gagne à être partagée.Toute passion est émotion.Toute émotion ne vaut que dans le partage qui fait naître, ce que d'aucun appellerait une noosphère des sentiments positifs partagés, qu'ils soient culinaires, gustatifs ou autre.