Grand silence

Un "grand silence" avant la tempête. Sur une île imaginaire, une microsociété citadine vit entourée de montagnes et de forêts. L'histoire de deux enfants, une histoire de honte, de peur.
L'histoire de Freddy, une victime dont la tête se détache du corps. Les feuilles meurent et tombent autour de lui, mais il ne dénonce pas, il garde le silence sur la tragédie.
Un terrible silence qui prend la forme de bulles blanches, vidées de leur texte. Tout au long du récit, la symbolique graphique ira toujours plus loin, prenant le dessus sur les mots.
La colère, la haine, le repli sur soi, la culpabilité, tout finira un jour par imploser, car le mutisme des enfants finira par devenir assourdissant.
Et ces derniers finirons par trouver une alliée inattendue pour détruire et mettre fin à ce silence. Un récit puissant et à la tonalité profondément juste !

Ce livre est une nécessité tant le sujet est impossible à aborder. Les résultats d'un sondage Ipsos datant de novembre 2020 sont édifiants : 1 français sur 10 déclare avoir été victime d'inceste, soit 6.7 millions de personnes ... est-ce suffisant pour tenter de régler le problème ou on attend encore ?
Commençons par en parler puisque c'est comme ça qu'on peut imaginer des solutions. Cette bande-dessinée aborde ce sujet dans son entièreté sous forme de conte, une métaphore ultra maîtrisée qui aborde la psychologie de l'enfant avec brio. Bravo à Sandrine et Théa pour cette œuvre qui fera date socialement parlant !

Je l’avoue, je n’étais pas tout à fait à l’aise à l’idée de lire une bande dessinée dont le thème est les violences sexuelles faites aux enfants... je possède depuis de nombreuses semaines déjà une préimpression offerte par l’éditeur, je lui ai tourné autour mais je n’osais pas me lancer...
Et puis, les cartons de nouveautés sont arrivés à la librairie et, le revoyant : très bel objet, ses pages magnifiques, et puis devoir être capable d’en parler avec les clients... je me suis finalement lancé.
Et quelle claque !! Je n’irai pas jusqu’à dire que je me suis inquiété pour rien, le thème n’en reste pas moins difficile, mais il est traité tel un conte, avec malice et métaphores graphiques, ne nous confrontant jamais au 1er degré au pire. L’ouvrage bouscule, mais dans le bon sens ! Il révèle, interpelle, mais donne aussi une force réelle pour pouvoir faire face, réagir...
Un immense bravo aux autrices qui ont vraiment accompli une prouesse à tous niveaux, tout en délicatesse et subtilité, pour accompagner un véritable sujet de société qui concerne des millions de personnes rien qu’en France. En espérant qu’il participe à des prises de conscience, à des libérations de parole...
Cet ouvrage se conclut par une postface de la scénariste, une lettre d’intention sur le pourquoi et le comment de ce sujet qui la touche, mais aussi des chiffres clés et enfin des pistes concrètes pour pouvoir agir si le besoin s’en fait sentir.
Indéniablement une de mes meilleures lectures de cette année !

Des dessins et une narration graphique magnifiques pour une lecture difficile et poignante, mais essentielle.

C’est donc un livre sur un sujet extrêmement tabou : les violences sexuelles commises sur les enfants. Un sujet trop douloureux, trop violent pour Théa Rojzman la scénariste qui a donc tenté d’écrire un livre qu’elle pourrait lire sans répulsion, sans anxiété. C’est pourquoi elle a choisi la forme du conte, un conte pour adultes et adolescents, une manière qui permet une mise à distance ar les métaphores ainsi qu’une forme d’irréalité de lieu, de temps. Sandrine Revel la dessinatrice a compris les enjeux de ce livre sur le silence. Ses choix d’ambiance graphique montrent également sa volonté de ne pas violenter le lecteur tout en l’impliquant en profondeur.

Sur une île inconnue, l'usine de Grand silence avale les cris rendus muets des enfants. Une BD bouleversante qui aborde le sujet des violences sexuelles commises sur les enfants.

Un enfant. Un homme. Un lieu discret. Le drame. Et un grand silence assourdissant autour de ce qui vient de se passer. Théa Rojzman et Sandrine Revel imaginent ce moment de bascule de ces êtres violés par des personnes de confiance mais aussi de l’après, celui où ils sont cassés à vie. Grand silence, c’est tout cela et bien plus, un conte pour sensibiliser, pour faire tomber le mur de la honte. Fort, bouleversant et percutant.

Ici c'est de l'inceste dont il est question, un fléau bien plus courant que ce qu'on pense. Ce sujet difficile et tabou est mis en images avec une grande poésie. La délicatesse se retrouve à la fois dans ce conte visuel et dans la manière dont l'histoire est conduite. Le travail sur l'enjeu des couleurs est tout simplement incroyable. Grâce à une professeure résiliente et attentive, l'horreur laisse place à l'optimisme et permet d'entrevoir la mise au jour des violences comme chemin de délivrance.

Avec la douceur graphique de Sandrine Revel (Chroniques de San Francisco, Glenn Gould, une vie à contretemps) comme bouclier, les deux autrices expriment les différents mécanismes et conséquences des violences sexuelles infligées aux enfants. Elles ne montrent pas directement (à quoi bon ?) et évoquent très clairement le problème sous ses nombreuses aspérités. Puissante, terrible, importante, nécessaire, leur bande dessinée lance un appel à la libération de la parole par la poésie plutôt que par la violence. Cela fait déjà bien longtemps qu’il serait nécessaire de briser ce grand silence, et si cet album pouvait y parvenir ne serait-ce qu’un peu, ce serait déjà une première victoire.

... and, à la fin, on se prend en pleine face les chiffres de la réalité, on reste choqué, incrédule sur ces données et on n’a qu’une envie, faire circuler cette information pour que cela cesse.

Ce conte, rude et fort, parle des violences sexuelles faites aux enfants en entremêlant éléments factuels et métaphores, crudité et poésie.

Théa Rojzman a déjà publié des albums sur le thème de l’enfance difficile (voir Sages comme une image ou Mourir (ça n'existe pas) par exemple), mais « Grand Silence » va plus loin dans l’horreur et parle des violences sexuelles contre les enfants… un sujet personnel pour l’autrice, comme on…