Adoleschiante

Ce sont ici deux fines observatrices qui nous livrent un portrait sans condescendance mais honnête et drôle de l'adolescence. Mais aussi des nombreuses répercussions que cela entraine dans la famille d'avoir ce genre de spécimen à la maison.
J'ai particulièrement aimé deux choses : tout d'abord l'attention précieuse portée aux décors, aux vêtements, les motifs si joyeux et les couleurs absolument pimpantes de Mademoiselle Caroline. Puis la représentation des mouvements et des corps : lents, désordonnés, patauds qui expriment tantôt la mollesse de l'ado, le désespoir des parents, l'énergie des plus jeunes enfants. Beaucoup de facéties et d'expressivité dans le travail de l'illustratrice dont le talent prend un peu plus d'ampleur à chaque album.

Adoleschiante est une bande-dessinée qui raconte l'adolescence dans ce qu'elle a d'ingrat et pénible, mais aussi d'attendrissant.

Laura est une ado comme les autres. Son meilleur ami dans sa life : son téléphone portable. À part aller au collège et« facetimer » avec ses amis, elle ne fait pas grand-chose, comme ne manquent pas de le souligner ses parents. La mère de Laura veut retravailler après avoir passé 3 ans à la maison. Son quotidien n’est pas simple entre les jumeaux encore jeunes et Laura qui dit non à tout. Elle voudrait de la complicité avec sa fille, mais celle-ci semble parfois la fuir. Difficile de savoir ce qui se passe dans la tête de son adolescent… Malgré un titre prometteur qui fait sourire tout parent d’ados, l’album accumule un peu trop les clichés sur les rapports parents/adolescents. Quant à lui, le trait de Mademoiselle Caroline apporte beaucoup et rend l’album agréable à lire malgré ses défauts.

Graphiquement, Mademoiselle Caroline invente deux silhouettes à la Laurel et Hardy : une fine et une ronde (surtout des fesses). Ce duo comique fonctionne à merveille et installe les personnages dans leur rôle. Depuis son premier livre (Enceinte), le style de cette autrice prolifique continue d’évoluer. Globalement coloré et joyeux (sauf bien entendu dans Chute libre, carnets du gouffre), son trait au noir est épais et très expressif. On ressent son plaisir à dessiner ses héroïnes.