Vies volées - Buenos Aires - Place de mai

La terrible histoire vraie de ces 500 bébés enlevés à leurs parents, opposants politiques à la dictature militaire, puis placés dans des familles sympathisantes durant les années 70 en Argentine.
Une histoire poignante servie par un graphisme sublime, pastel et léger.

Mario et Santiago, deux jeunes étudiants argentins, ont des doutes sur la réelle identité de leurs parents. Ils décident de réaliser des tests ADN pour découvrir la vérité. Une quête d'identité signée Matz et illustrée par le doux trait de Mayalen Goust.

Toute en émotion contenue et mise en valeur par des illustrations délicates, cette fiction emplie d'humanité met en scène des faits malheureusement avérés qui méritent d'être éclairés, par égard pour les victimes.

Matz arrive à créer une fiction avec des personnages attachants, et nous raconte avec brio le destin de ces enfants une fois devenu adulte.

L’auteur choisit de prendre son temps avec l’histoire et reste sobre dans la façon dont il aborde le sujet des enfants volés. On aurait aimé toutefois s’attarder davantage sur le mouvement des grands-mères que sur certaines grosses ficelles narratives, notamment les romances des deux protagonistes et l’épilogue qui en fait un poil trop.

Imaginez que les parents qui vous ont élevé ne soient pas vos parents biologiques. Imaginez que si vous n'aviez pas fait de test ADN vous n'auriez rien su. Il s'agit déjà de quelque chose de compliqué à gérer non ? Alors, maintenant, imaginez qu'en plus vos parents adoptifs vous aient peut-être volé à une autre famille... Comment le vivriez-vous ? --- Même si les personnages de ce récit sont fictifs le contexte historique est bien réel. De 1976 à 1983, en Argentine, sous une dictature militaire, près de 30 000 opposants (les desaparecidos) ont disparu. Parmi eux des femmes enceintes dont les bébés sont nés en captivité. Ces bébés ont été volés à leurs parents puis donnés aux proches du régime en place. C'est le mouvement des Grands-mères de la place de Mai, qui en bravant le régime en place, a fait avancer la recherche des ses enfants pour qu'ils soient rendus à leurs vraies familles. En choisissant de nous présenter l'histoire de deux amis Matz s'éloigne du récit documentaire ce qui rend la lecture rythmée, fluide et extrêmement bien construite malgré la dureté de de l'histoire. Le dessin de Mayalen Goust est magnifique et elle nous surprend encore par la beauté de son trait qui évolue en fonction des histoires qu'elle traite. --- Une histoire dure, touchante, servie par un dessin splendide, il ne m'en fallait pas plus pour que ce soit un coup de cœur intense.