Racines

C’est une lecture essentielle pour comprendre certains aspects du colonialisme et ses conséquences aujourd’hui. Racines est porté par un travail de recherche riche, d’une main de maître.

Mêlant la BD d’inspiration autobiographique et le recueil de données précises et sourcées, Lou Lubie réussit à passionner avec de longues séquences parlant shampooing et cuticule (si, si!), mais surtout quand elle met en avant le rejet, les moqueries, le racisme qu’engendrent les tresses, la coupe afro ou les simples cheveux crépus au naturel.

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Lou Lubie mêle habilement dans cette BD le récit autobiographique et le récit documentaire. J'étais bien loin de me douter que les cheveux frisés, voire crépus, représentaient un tel business, de même qu'une entité à part entière pour afficher ses racines. Je ressors de cette lecture en ayant appris tout un tas de détails capillaires, sociétaux, culturels et historiques. Une BD très intéressante que je conseille à tous les lecteurs curieux et désireux d'apprendre.

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Lou Lubie a un extraordinaire talent de conteuse qui nous embarque dans l'histoire des cheveux crépus de Rose. On apprend plein de choses et c'est très drôle ! Un énorme coup de coeur pour cette histoire de racines de cheveux, d'histoire et d'identité.

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Voilà donc un très bel album, fin, intelligent, avec la dose d'humour nécessaire pour partager un point de vue et un quotidien qu'on n'imagine pas forcément. Clairement, je ne regarde plus mon ados et le temps qu'elle passe à gérer ses cheveux de la même manière !

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Rose, « est sortie avec des cheveux konyé » comme on dit à la Réunion. Enfant,
elle déteste sa chevelure frisée qui la contraint à devoir se lever chaque matin une
demi-heure plus tôt que ses frères pour que sa mère – qui assumait la charge
capillaire de toute la famille- la coiffe. Comme 81% des enfants afro-américains,
Rose n’a qu’un désir : avoir des cheveux lisses, comme ses poupées Barbie et les
filles populaires du collège. Le temps passe… son bac en poche, elle part suivre ses
études supérieures à Paris. Pour en finir avec ses cheveux frisés, Rose adopte une
coupe courte, que notre société associe aux femmes âgées, ayant renoncé à leur
désirabilité. Ainsi, à 18 ans, Rose se sent comme une estropiée de la féminité, une
exclue de la beauté. Qui dit estropiée, dit prothèse, c’est ainsi que Rose se tourne
vers les coiffeurs africains pour se faire poser des mèches longues… A travers ce
récit intime et autobiographique, Lou Lubie dresse un état des lieux du racisme larvé
et de la discrimination capillaire à l’égard des femmes noires, pour lesquelles
assumer ses cheveux crépus est souvent impossible dans une société où ce sont les
normes esthétiques blanches qui dominent, car l’injonction au défrisage vient des
systèmes historiques de domination : l’esclavagisme et le colonialisme.

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Plaisant et ô combien évocateur, Racines se lit comme un véritable thriller politique rempli de tendresse et de colère.