Otto, l'homme réécrit

Difficile de donner un avis sur cet ouvrage, sur cette plongée philosophique en miroir sur soi-même à travers la reconstruction d'Otto .Un homme, artiste performeur, découvre à la mort de ses parents, qu'il a été un cobaye surveillé et décortiqué durant les 7 premières années de sa vie, et ce à chaque instant.Il décide donc de remplir le vide immense qu'il a en lui par ce flot de7 ans complets de données très précises qui le concerne.Cette précision le transforme et l'éloigne, des autres et peut-être de lui-même.Mais cette histoire n'est que le fil tendu par l'auteur pour y suspendre ses réflexions.Dans un ouvrage au format à l'italienne, tout de noir et blanc vêtu, on rentre ne religion si ce n'est en transe, grisé par le dessin.Il nous entraîne, tel des derviches détournés de la raison, et tournés en bourriques.On s'y perd, parfois on se retrouve aussi.On s'interroge aussi, parcours de fond ou effet de forme ?Il faudra le relire certainement, pour se faire une vrai idée de ce qu'est ce OGNI, Objet Graphique Non Identifié.

Cadrages et compositions léchés, enchaînements subtils, textes finement ciselés et trouvailles graphiques exceptionnelles rendent la lecture prenante, voire hypnotisante. Le créateur de Julius Corentin Acquefacques a imaginé une fable universelle touchant les limites de notre humanité.

Aussi discret que son personnage, qu'il ne nous montre que de dos, Mathieu, en parfait janséniste, nous ferait presque oublier tout son talent.

Pas de reproche côté dessins qui sont toujours aussi splendides et fins que d'habitude avec cet auteur. On retrouve son goût pour le grossissement des images ouvrant sur d'autres images et aussi pour les labyrinthes.Le choix de ne pas avoir de bulles mais des commentaires en bas d'images fait de cet album une sorte de documentaire animalier dont Otto est le sujet? Je crois que c'est cela qui m'a rebuté.

Rigoureuse et maline, la dissertation flirte avec les abysses de la pensée.