Au vent mauvais

Séduit par la voix d'une inconnue dont il vient de trouver le téléphone portable, un ex-taulard taille la route pour le lui rapporter. Un road-movie contemporain tout en voix-off : noir, émouvant, désabusé et... drôle.

Nous suivons Abel à sa sortie de prison, calme et serein, certain de récupérer son butin caché pour recommencer une nouvelle vie de promeneur sans contrainte.La rénovation de la zone industrielle où il l'a caché en décide autrement et la découverte d'un téléphone portable l'entraine dans une road-BD sentimentale et mélancolique entre retour vers le passé et espoir du futur.Ce voyage sera l'occasion de deux belles rencontres.L'ouvrage a le rythme de la déambulation, au pas lent de larges cases dépouillées, à peine colorées.Chaque image est une invitation au voyage tant l'appel à l'imaginaire pour construire autour est flagrant.Morceau de biscuit qui rappelle d'autres morceaux de biscuits de notre enfance, plage vide immense qui ramène à nos propres marches silencieuses dans le seul crissement du sable sous nos pieds, et même cette musique sirupeuse et ce visage sublimé qui nous arrache le même sourire béat et enfantin.D'un verre plus qu'à moitié vide, les auteurs ont su faire un ouvrage bien plein d'émotion, de tristesse, d'extrême douceur de vivre et d'espérer. Malgré tout.

le parti pris des auteurs (Thierry Murat au scénario et Rascal au dessin) : donner à voir la fugacité de la vie, la mort des illusions — la fin de l’album est, en cela, assez brutale. Un album triste, froid. Et jamais vraiment émouvant.

Dicentim64

Trop vite avalé, ce bouquin est saisissant : l’histoire est simple, elle ne s’attarde pas sur les détails (même si…), sur l’épaisseur psychologique du personnage, sur la précision des informations factuelles. Simple et pourtant tout y est : avec une concision narrative toujours juste (et le pouvoir envoûtant de la voix off) l’auteur-personnage nous commente cette tranche de vie comme si ce n’était pas la sienne. Ce pourrait être un court-métrage réalisé par Agnès Varda. Splendide. A lire en écoutant une chanson de Dick Annegarn…